Comment ne pas passer à côté de ce nouveau phénomène qu’est le MMA, également appelé les « arts martiaux mixtes » ? Une pléthore de combattants de renommée internationale ont fait leur apparition dans l’Hexagone, et cette pratique conquiert de plus en plus de jeunes. Serait-ce une victoire par K.O. de la discipline, avec une entrée électrique dans le monde du sport français ?
Il est fort probable que vous ayez déjà visionné ces images de deux hommes torses nus, vêtus de shorts aux couleurs toutes plus pétillantes les unes que les autres, se livrant bataille au sein d’une cage à huit côtés, également appelée octogone. Ces images sont l’incarnation d’un sport, le MMA. Pour faire simple, le principe de cette discipline est d’opposer deux combattants, ou « fighters », dans un affrontement de trois rounds de cinq minutes. Ils sont alors confrontés dans une arène où toutes les formes de sports de combat existants, du judo à la lutte, en passant par la boxe anglaise et le muay thaï sont autorisées, d’où le terme « mixte » qui lui est conféré.
Ayant débarqué sur le continent américain depuis l’aube des années 90, le MMA a fait son arrivée en France de manière plus hésitante, et pour cause, ce sport a longtemps porté une image flétrie. Cela s’explique en partie par la brutalité même de la pratique, mais aussi par le pedigree sinistre et belliqueux de certains athlètes, parfois d’une violence extrême, dont le quotidien semble rythmé par des querelles et des bagarres.

Son apparition dans les octogones de l’Hexagone
Aujourd’hui, la discipline s’est largement démocratisée et a su charmer le public français, en particulier les jeunes, qui sont de plus en plus friands de ce type de contenus. La dernière illustration de ce phénomène en terre gauloise, était le combat opposant l’Haguenovien d’origine tchétchène Baysangur Chamsoudinov, surnommé Baki, au franco-camerounais Cédric « The Best » Doumbé. Il n’est peut-être pas prudent de ma part de mentionner un tel affrontement au vu de l’issue de celui-ci. L’Alsacien Baki l’a emporté en raison d’une « épine dans le pied de son adversaire », une situation inédite dans toute l’histoire du MMA.
Mais au-delà de ses facettes barbares, ce sport se dissimule une réalité plus noble. La plupart des combattants se connaissent étroitement, ne se détestent que de manière fictive pour les nécessités du « show » et mènent une vie régie par une rigueur quasi monastique.
Prenons l’exemple du combattant tchèque Jiří Procházka, qui défend un mode de vie isolé des plaisirs futiles et superficiels de la vie. Il pratique la méditation et confesse qu’il peut passer jusqu’à plusieurs jours dans l’obscurité totale, sans prononcer un seul mot. Il se perçoit lui-même comme un samouraï des temps modernes, lui conférant un charisme singulier et l’estime des « fans ».
Des guerriers aux trajectoires excentriques
Chaque combattant porte en lui ses forces et ses faiblesses, tissant son identité à travers une trajectoire et un passé qui lui sont propres. L’ancien défenseur de la ceinture des poids mi-lourds de l’Ultimate Fighting Championship, également appelé l’UFC, était, par exemple, un ancien alcoolique des favelas brésiliennes qui a su surmonter son addiction afin de gravir les échelons de son sport. « Poatan », de son vrai nom Alex Pereira, a ainsi réussi à fonder sa propre famille, loin de la précarité de São Paulo, par la seule force de son opiniâtreté.
Il en va de même pour un autre « fighter » des poids mi-lourds, Khalil Rountree, un ancien obèse névrosé, tourmenté par la perte tragique de son père, abattu par balle alors qu’il n’avait que deux ans. Porté par une volonté de survie et de transcendance, et grâce au soutien indéfectible de son frère aîné, il est parvenu à vivre son idylle en décrochant un contrat doré au sein de la même organisation.
Il y a ainsi une certaine grâce émanant de ces pugilats. Lorsque les gants s’entrechoquent, que les esquives se conjuguent au sautillement des combattants, toujours sur le qui-vive afin de parer le moindre coup qui pourrait atteindre des zones vulnérables, les assauts sont cruellement dévastateurs mais justes. Dans l’octogone, l’équité fait loi et nul n’est privilégié. Il est l’ultime révélateur. Alors avec une telle entrée en la matière, comment nier une percée aussi fracassante que celle du sport le plus exaltant des arts martiaux ?
À lire aussi : Le Rock ‘n’ Roll n’est pas mort, le papier non plus !

Abonnez vous à notre page Facebook » Le Déclic Magazine «
