Laurent Baffie est un humoriste, comédien, écrivain et animateur français, connu pour son style provocateur et ses blagues irrévérencieuses en caméras cachée. Il s’est fait connaître dans les années 1990/2000 en participant à des émissions de télévision telles que Double Jeu et Tout Le Monde En Parle. Il est également auteur de livres et de pièces de théâtre. Sa carrière a été marquée par son humour acerbe et ses interventions souvent décalées, mêlant satire et autodérision. Il est également apprécié pour ses apparitions à la radio et à la télévision, où son franc-parler et son côté impertinent lui ont valu une large popularité.
Aujourd’hui, à 66 ans, Laurent Baffie continue de captiver le public avec son humour décalé, notamment grâce à ses caméras cachées diffusées sur les réseaux sociaux. Depuis septembre 2023, il a relancé ce concept en utilisant des lunettes Ray-Ban équipées de caméras discrètes, lui permettant de filmer des interactions spontanées avec des passants dans la rue. Ces vidéos publiées sur son compte Instagram ont rencontré un immense succès, attirant plus d’un million d’abonnés et des millions de vues.
INTERVIEW
Qu’est-ce qui t’a donné le déclic pour te lancer dans les canulars ?
Le déclic, c’est l’envie de faire marrer les gens. Ça, c’est un déclic. Quand tu es gamin, que tu te fais des potes, que les gens se marrent, que tu fédères autour de toi, et que tu découvres que c’est énorme, ça, c’est un vrai déclic.
Peut-on travailler l’esprit de répartie, ou est-ce que c’est inné selon toi ?
Les deux peuvent arriver. On peut travailler l’esprit de répartie quand on l’a déjà, mais quand on ne l’a pas, c’est plus difficile. Cela dit, quand on l’a, on peut le développer. Moi, je le travaille tous les jours, comme un musicien qui travaille ses gammes. Je fais des vannes en permanence, y compris quand je suis seul. Quand je vais chez les commerçants, je déconne tout le temps, tout le temps, tout le temps…
Raconte-nous une de tes vannes qui te fait encore rire aujourd’hui ?
Je n’ai pas vraiment de vannes à moi qui me font marrer sur commande. Ce qui me fait rire, ce sont les nouvelles vannes, pas les anciennes. Par exemple, aujourd’hui, j’ai tourné des caméras cachées avec mes lunettes, et oui, ça m’a bien fait marrer. Ce qui me plaît, c’est quand les gens tombent dans mon piège, que je pousse le bouchon encore plus loin et que j’arrive à les embarquer dans un univers parallèle. Ce que j’adore, c’est quand je les emmène très, très loin, et qu’à la fin, je leur dis : « Non, non, c’est une blague ». Et là, ils se marrent avec moi, même s’ils sont allés super loin dans le délire.
Quel est ton souvenir le plus marquant de l’émission Tout Le Monde En Parle avec Thierry Ardisson ?
Mon souvenir le plus marquant de Tout Le Monde En Parle, c’est quand on a eu une invitée qui s’appelait Karen Mulder ! Thierry ne l’a pas mise au montage parce qu’elle a dit des choses incroyables ! Je ne sais pas si elle était dans son état normal, mais c’était sidérant ce qu’elle disait ! J’entendais l’oreillette de Thierry grésiller ! Elle accusait tout le monde, y compris des personnes très, très importantes et ça m’a vraiment marqué.
Avec quelle personnalité t’es-tu fâché pour te réconcilier plus tard ?
Je ne me suis pas fâché avec des personnalités. Il y en avait certaines que je n’appréciais peut-être pas, mais je n’étais pas fâché. Ah si ! Il y a eu Geneviève de Fontenay, à qui j’ai fait une vanne dans un couloir avant une émission de Patrick Sébastien et qui est devenue l’une de mes amies. Je lui ai dit : « Excusez-moi, vous ne sauriez pas où je pourrais trouver une vieille pute avec un chapeau ? » Et elle m’a répondu : « Mais il n’y a que moi qui porte un chapeau ! » Et je lui ai dit : « Non, non, je ne parle pas de vous, madame ! » Donc ça c’est monté très très haut. On s’appelait très souvent et on était vraiment très amis.
Pourquoi l’humour des années 80-90 n’est-il plus possible actuellement ?
La société a changé aujourd’hui. On ne peut plus rien dire sans risquer d’avoir des associations derrière nous pour nous attaquer. Moi, je trouve ça très bien que la parole se soit libérée avec #MeToo, je trouve ça formidable. Je préfère la période après #MeToo qu’avant, parce que c’était tellement ignoble ce que les mecs se permettaient. Mais après, on voit aussi qu’il y a des effets pervers là-dedans. On va le découvrir de plus en plus. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me réfugiais sur scène, parce que personne ne me dérange. Vous avez vu le spectacle ! Je dis ce que je veux ! Je fais des vannes qui ne passeraient pas du tout à la télé.
Donc voilà, la scène est un espace de liberté. Mais pour combien de temps, je ne sais pas…
Ta pièce de théâtre Toc Toc sera jouée en alsacien, étais-tu au courant ?
Non, je ne suis pas au courant, mais je découvre tous les pays dans lesquels cette pièce est jouée. C’est incroyable, c’est une satisfaction énorme. Elle a été jouée en yiddish, ce n’est pas le premier dialecte dans lequel elle a été jouée. Elle a été jouée dans 40 pays et c’est une grande fierté.
Quels sont tes projets futurs pour cette année ?
J’ai beaucoup travaillé sur ma chaîne Instagram pour atteindre le million d’abonnés avec mes caméras cachées, grâce à mes lunettes extraordinaires qui filment. Maintenant, j’ai lancé une chaîne YouTube, mais c’est beaucoup plus lent. Ce que j’aimerais, c’est que les gens s’abonnent à cette chaîne car je vais y proposer de nouveaux programmes. Je vais un peu me réfugier dans le digital. Donc, mes projets, c’est de faire grandir cette chaîne pour devenir autonome et continuer à offrir aux gens ce qu’ils aiment chez moi, sans passer par le prisme de la censure télévisuelle ou autre.
Quelles sont tes autres passions ?
Le travail c’est ma passion, la famille aussi et le padel. J’adore le padel. Je sais que c’est un peu la mode en ce moment, j’ai un peu déserté le tennis pour me consacrer au padel. Et puis, j’aime les voyages, j’aime la Corse, j’ai plein de choses qui me passionnent.
As-tu un conseil pour de jeunes humoristes qui veulent se lancer ?
Ce n’est pas évident parce que ceux qui vont se lancer maintenant et qui ont un côté provocateur, ce n’est pas la bonne période. Mais ceux qui le cultivent quand même… Jean Cocteau disait : « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi ». Ouais, si les mecs sont bons, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Faut essayer, parce que si ça rate, au moins on aura essayé. Et si on a les moyens de faire carrière, il faut tenter. Mais si on n’essaie pas, on ne fera pas carrière. Donc il faut essayer, il faut y aller, il faut en bouffer. Essuyer des échecs, se relever et y retourner. Et voilà, si c’est vraiment le métier qu’on veut faire, si c’est ce pour quoi on est fait, il ne faut pas lâcher.
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