Dominique Tapie , interview au micro du Déclic Magazine

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Interview Dominique Tapie

Bernard Tapie, un nom qui résonne encore dans l’esprit de millions de Français. Entrepreneur audacieux, orateur charismatique, sportif passionné et figure controversée, il a traversé les décennies avec une énergie inépuisable et un appétit de conquête qui semblait sans limites. Pourtant, derrière cet homme flamboyant, aimant tant la lumière des projecteurs, se cachait une autre histoire, celle d’une femme discrète, mais essentielle. Celle qui a partagé sa vie pendant un demi-siècle, qui l’a soutenu, conseillé, parfois freiné, mais toujours accompagné dans ses élans.

Ce rôle de femme de l’ombre, loin des feux de la rampe, Dominique Tapie l’a assumé avec force et lucidité. À travers son récent livre « Bernard, la fureur de vivre », elle livre un témoignage sincère et touchant, racontant les joies et les épreuves d’une vie menée à cent à l’heure. Ce récit est une plongée dans l’intimité d’un couple hors normes, entre la ferveur des succès et la douleur des échecs. Les mots de Dominique dévoilent un homme passionné, mais aussi un mari et un père profondément humain, marqué par ses fragilités.

Pourquoi dites-vous avoir été la femme de l’ombre ?

Bernard était un homme qui aimait attirer la lumière et il y excellait. De mon côté, cela signifiait que je restais en retrait. Mais cela ne voulait pas dire que je ne surveillais pas tout de près. Bernard, avec son charme naturel, attirait de nombreuses personnes autour de lui. Mon rôle était d’être en arrière-plan, de calmer ses ardeurs et ses excès. Et puis, il faut dire que la lumière ne m’intéressait pas. J’étais très bien dans ma position, discrète mais attentive.

Qu’est-ce qui a donné à Bernard l’envie de reprendre des entreprises ?

Les sociétés qu’il reprenait étaient souvent au bord de la faillite, pratiquement mortes. Bernard leur insufflait une nouvelle vie. Certes, cela impliquait parfois des licenciements, une épreuve qu’il détestait profondément. Mais il le comparait à une intervention médicale : « Si une jambe est gangrenée, on la coupe pour sauver le patient ». Dans son esprit, mieux valait sauver 600 emplois et en perdre 300 que laisser toute l’entreprise disparaître.

Cette approche, combinée à sa passion pour ce qu’il entreprenait, expliquait sa frénésie. Il n’acceptait pas la demi-mesure. Quand il s’est lancé dans le rachat d’Adidas, il n’a pas hésité à débaucher les meilleurs talents de Nike pour consolider sa position. Bernard voulait être au sommet et il s’en donnait les moyens.

dominique tapie interview

Pourquoi Bernard a-t-il créé des écoles de formation ?

Bernard venait d’un milieu modeste et avait réalisé, durant son service militaire, que les origines sociales ne définissaient pas la valeur d’un individu. Pour lui, voir des jeunes au chômage était insupportable, notamment ceux issus de banlieues, souvent laissés-pour-compte. C’est pour eux qu’il a créé ces écoles, avec l’aide de Noëlle Bellone, Jacques Séguéla et Jean-Louis Borloo.

Ces écoles ont permis à plus de 3 000 jeunes de trouver un emploi. Bernard y avait insufflé une discipline rigoureuse, inspirée de son expérience militaire : se lever à l’aube, se dépasser et toujours croire en son potentiel. Il était convaincu que chaque individu portait en lui les ressources nécessaires pour réussir, à condition d’avoir un cadre pour s’épanouir.

Quels conseils aviez-vous, ou Bernard, pour les jeunes entrepreneurs et leurs conjoints ?

Pour un entrepreneur, il faut oser. Il faut foncer, mais avec préparation : bien connaître son domaine et surtout s’entourer des bonnes personnes. Bernard savait parfaitement qu’il n’avait pas toutes les compétences nécessaires, alors il s’appuyait sur des experts.

Quant au conjoint, son rôle est crucial : il doit être un soutien, une oreille attentive et parfois une voix critique. Avec Bernard, ce n’était pas toujours facile, car il avait un caractère bien trempé. Mais il sollicitait souvent l’avis de la famille avant de prendre une décision – même s’il finissait toujours par suivre son instinct. Mon conseil aux jeunes : ne vous laissez pas décourager, mais avancez toujours avec lucidité et un entourage solide.

Bernard jouait-il au casino par goût du risque ?

Non, c’était davantage une manière excessive d’assouvir son besoin de contrôle et de défi. Comme tout ce qu’il entreprenait, il s’y donnait à fond, au point que cela envahissait notre vie de famille. Au début, il gagnait et cela renforçait son sentiment de maîtrise. Mais un soir, au casino d’Enghien, une conversation avec le chef de table a tout changé. Cet homme lui a décrit le sort de joueurs ruinés par leur addiction.

Bernard a eu un électrochoc. Ce soir-là, il est rentré à la maison et a déclaré que c’était fini. Et il a tenu parole. C’était typique de lui : une fois conscient d’un problème, il prenait des décisions radicales.

Quelle activité de Bernard vous a personnellement le plus passionnée ?

Le sport, sans hésiter. Ce qu’il a fait avec Adidas, ses engagements sportifs, c’était remarquable. En revanche, la politique ne m’a jamais séduite. Bernard était trop franc pour ce milieu. Certes, il a été député et ministre, mais je savais que la politique n’était pas faite pour lui.

Là où il brillait vraiment, c’était dans ses projets artistiques, comme ses rôles dans des téléfilms ou au théâtre. Ces activités étaient plus légères et il s’y épanouissait sans les tensions du pouvoir. J’aurais aimé qu’il continue dans cette voie.

« Tout ce qui est fragile dure » Cela résonne-t-il pour vous ?

Oui, absolument. Notre couple a toujours fonctionné sur un équilibre fragile, mais intense. Rien n’a jamais été tiède entre nous. Bernard et moi étions constamment dans une dynamique de séduction et de surprise. Cela exige une vigilance permanente, mais c’est ce qui maintient la flamme. Dans un couple, il faut savoir surprendre l’autre, rester attentif et ne jamais considérer les choses comme acquises.

Qu’est-ce qui vous a fait craquer chez Bernard ?

Sous sa personnalité flamboyante, Bernard avait des valeurs profondes, très proches des miennes : l’amour de la famille, le respect de ses proches, une grande sensibilité. Il savait écouter, charmer et mettre toute son attention sur vous. Avec lui, ma vie a été tout sauf monotone. Certes, j’aurais parfois souhaité plus de calme, mais je ne regrette rien.

Qu’est-ce qui motivait Bernard à vouloir être le numéro 1 ?

Son enfance. Son père, ouvrier, devait souvent s’incliner devant l’autorité et cela le révoltait. Bernard voulait prouver qu’il valait autant, sinon plus.

Quels sont les points positifs que vous retenez de Bernard ?

Bernard était un homme d’une bravoure exceptionnelle, protecteur, visionnaire et profondément humain. Il savait entraîner les autres dans son élan et leur donner confiance.

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