Installé à Strasbourg, Quentin Holz-Weber incarne une génération de créateurs passionnés, audacieux et profondément ancrés dans leur territoire. Derrière ses robes spectaculaires se cache une histoire personnelle faite de transmissions, de résilience et d’ambition. C’est donc avec un grand plaisir que je vous retranscris aujourd’hui mon entretien avec un styliste qui ne fait jamais les choses à moitié.
Quand est-ce que tu as commencé à coudre et pourquoi ?
Ma mère réalisait à l’époque ses propres modèles, c’était un véritable passe-temps pour elle, et au fur et à mesure, j’ai commencé à me faufiler dans sa pièce de couture. C’est devenu une véritable passion, raconte Quentin. Un intérêt spontané pour le vêtement qui le mènera à suivre une formation complète : sept années d’école de mode à Strasbourg pour maîtriser toutes les bases de fabrication.
Étant donné que la passion de la couture est venue de ta mère, quelle est la place et la vision de la femme dans tes créations ?
La mise en avant de la femme est le plus important, mes créations sont là pour les embellir et non juste pour les vêtir. Le but est de créer des modèles en accord avec leur personnalité. Chacune des femmes a un parcours et une histoire à raconter par son indépendance, et c’est ce qui est la source d’inspiration de la marque.
Quelle est la tenue qui, pour toi, représente le mieux ce que tu cherches à transmettre aux femmes qui les portent et les regardent ?
Si je dois vraiment en choisir une, ça serait la robe Diamantaire, avec tous ses strass et ses plis cousus un à un à la main. Cette robe a une véritable histoire. À la base, le modèle devait être plus simple, je n’avais pas prévu de la travailler autant […] comme par hasard, une fois la base terminée, j’ai eu un accident de trottinette électrique, je ne pouvais pas coudre à la machine à cause de ma jambe, donc pour passer le temps, j’ai commencé à coudre sur cette robe à la main…
Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à coudre des robes de gala ?
Tellement de créations ont été réalisées jusqu’à ce jour, je ne me rappelle même plus de la première robe que j’ai pu créer. Après, si l’on peut parler de première robe qui a marqué les esprits, cela se tourne vers la robe Black Swan. Cette robe est l’élément déclencheur de toutes les robes de soirée que vous pouvez découvrir. J’ai toujours été fasciné par les robes de gala, tout ce travail, tout cet acharnement pour un résultat d’exception, un travail qui saura toujours faire tourner des têtes. Ce n’est pas pour rien qu’on en retrouve souvent dans la haute couture ! J’ai commencé durant mes études à réaliser des petites robes de cocktail, et au fur et à mesure de l’investissement et des créations, j’ai voulu voir les choses de plus en plus grand.
C’est une question plus pratique, mais que beaucoup de jeunes souhaitant se lancer dans la création se posent : est-ce qu’aujourd’hui tu peux vivre de ta passion ?
C’est la fameuse question qu’on se pose quand on rencontre un créateur ou une créatrice de mode. C’est un domaine dans lequel c’est de plus en plus compliqué de se lancer, jusqu’à présent, j’ai fait le choix de travailler à temps plein, mais j’ai changé les choses pour me consacrer à 100 % à mon entreprise, depuis mai 2025, je peux répondre oui à cette question.
Comment est-ce que tu as rendu cette transition possible ?
Holz-Weber est constamment en évolution, j’ai développé différentes gammes, entre le sur-mesure, le prêt-à-porter et maintenant la gamme robes de mariée. Le sur-mesure reste à l’heure actuelle ma gamme la plus importante, celle qui donne vie au rêve de chaque cliente et entreprise. C’est pour cela que je vais continuer cette gamme avant de développer le prêt-à-porter et, par la suite, la gamme mariage. J’ai encore plein d’autres projets qui arrivent très prochainement ! Oui, je ne dors jamais. (Holz-Weber fait ici référence au projet en collaboration avec Lamborghini)
Ma dernière question concerne les jeunes créatifs qui souhaitent se lancer dans le stylisme, que leur dirais-tu ?
Aujourd’hui, cela reste compliqué de se lancer du jour au lendemain pour développer sa marque, parce que c’est quelque chose de très simple à lancer, donc il y a beaucoup de monde sur le marché. Mais s’ils veulent se lancer, je leur dirais de bien réfléchir à leur stratégie. Il faut proposer un service de qualité, mais il faut surtout travailler sur le service marketing pour faire connaître son travail. C’est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain, bien se préparer pour être constamment en évolution, même si elle est très lente, et surtout ne pas viser le buzz. C’est l’élément qui peut être destructeur de la marque dans le temps.
Quel est ton créateur préféré ?
Christian Dior. C’est l’un des créateurs qui me correspond le plus. Il inspire l’élégance. À l’époque, il avait créé, à travers ses œuvres, des modèles inspirés du printemps avec des couleurs douces et des modèles fleuris.
Le Déclic et moi-même remercions beaucoup Quentin Holz-Weber pour son honnêteté et ses réponses inspirantes. Depuis son atelier, il construit pas à pas une marque indépendante portée par une vision claire, des valeurs authentiques et un amour profond du vêtement.
Article par Charlotte Klein

