INTERVIEW : Fab Morvan de Milli Vanilli
De la gloire à la désillusion : l’histoire d’un artiste entre rêve, succès et renaissance
Qu’est-ce qui t’a donné le déclic pour te lancer avec ton premier groupe Empire Bizarre ?
Empire Bizarre, c’était le groupe de Robert Pilatus. Moi, je dansais seulement avec lui, c’était un projet solo. Charline et moi, on était derrière. C’est comme ça qu’il l’a décidé et moi, j’ai dit : « OK, on continue comme ça. On commence à arriver dans l’industrie de la musique, si on doit passer par la petite porte pour y entrer, alors j’y vais, pas de problème. »
Quelles sont tes influences musicales ?
La plupart des artistes que j’adore sont Bob Marley, James Brown, Marvin Gaye… Pour moi, la musique, c’est comme de la nourriture. Elle nourrit l’âme ! Et comme je ne peux pas manger la même chose tous les jours, je ne peux pas non plus écouter toujours la même musique. C’est pourquoi je change de playlist en playlist.
La musique, c’est aussi comme un membre de la famille. Elle nous fait voyager. D’ailleurs, je la partage avec ma petite famille : mes quatre enfants et ma femme.
Tu entends l’instrumental de Girl You Know It’s True et tu apprends que tu ne vas pas chanter sur le disque. Comment as-tu réagi à ce moment-là ?
On était complètement déboussolés. Pour nous, Frank Farian (ndlr: le producteur) et Ingrid (ndlr: son assistante) étaient comme une famille. On venait de familles séparées. Robert avait été adopté, Frank et Ingrid étaient un peu comme nos nouveaux parents. Quand ils ont fait ça, on s’est sentis abandonnés, immédiatement. On avait l’impression de faire partie d’une famille, et tout d’un coup, ils nous ont retiré le rêve auquel on avait tant aspiré. Tout a changé d’un coup.
Mais comme on ne connaissait rien à l’industrie musicale, on ne savait pas comment tout fonctionnait. On avait reçu de l’argent au fil des mois, on avait signé un contrat en allemand, sans avocat. Moi, je ne parlais même pas allemand… Rob m’a dit « Ouais, c’est cool ».
L’argent était sur la table, on nous a donné seulement les trois dernières pages du contrat… Alors voilà, on a signé.
Girl You Know It’s True devient un succès planétaire
On voulait juste faire notre musique, payer notre loyer, s’acheter de quoi manger, prendre soin de nous. À la fin de ces mois-là, ils nous ont dit : « Si vous ne voulez pas continuer, il faut nous rembourser. » Et on n’avait pas un sou ! Alors on s’est lancés, on a fait une chanson…
Et personne n’aurait pu imaginer un tel succès ! Girl You Know It’s True a explosé comme une fusée, grimpant dans les charts. On est passés de nulle part au Top 20, puis au Top 10, et ensuite tout en haut. Le titre est resté des semaines à la première place.
On était au cœur de tout ça… Et c’est là qu’on s’est fait séduire par ce monde, par cette industrie. C’était très… comment dire… addictif !

Tu as remporté un Grammy Award. Quel a été ton ressenti après toute cette histoire ?
Oh là là… On s’attendait à un phénomène, mais on ne le voulait pas. C’était la dernière chose qu’on souhaitait. L’attention autour de nous allait forcément se multiplier. Malheureusement, Rob n’est plus là, parce qu’il n’a pas pu s’acclimater à ce changement d’atmosphère.
On est passés du succès à l’humiliation. Et du jour au lendemain, les gens ne nous respectaient plus. On a été délaissés par tout le monde, plus personne ne voulait de nous !
Vous n’étiez pas maîtres de cette stratégie. Avez-vous ressenti un sentiment d’injustice ?
Le stratagème était complètement organisé. Frank a décidé d’aller à New York et de dire la vérité. Nous, on n’était que de petits pions dans ce plan-là. Ils ont gagné l’argent, la plus grosse part. Comme on dit, « the lion’s share » la part du lion, ils ont tout pris.
Jusqu’à aujourd’hui, quand vous voyez mon image, je ne touche rien pour ça.
Comment as-tu vécu la décennie des années 90 après tout ça ?
La musique m’a sauvé la vie. Je me suis dit : avance, ne lève pas la tête pour voir trop loin, parce que c’est encore trop loin. Alors, je me suis concentré sur le présent, c’est aussi simple que ça. J’ai adopté cette philosophie : faire maintenant et j’ai changé la trajectoire de mon futur.
C’est comme quand on marche en montagne, sur une pente raide, si tu te focalises sur la difficulté du sommet, tu te perds. Mais si tu regardes où poser ton pied maintenant, alors tu avances !
Quels sont tes projets actuels ?
J’aimerais remonter sur scène. Avant le Covid, j’avais décidé de changer de format : je voulais arrêter les tape shows et passer au Live Band.
Mais avec la pandémie, tout s’est arrêté, tout a été chamboulé. On a dû reprendre le travail doucement, mais sûrement. Aujourd’hui, avec ce qui se passe, je vais commencer par ces tournées-là et après ça, je vais faire la transition vers le Live Band. La musique en live, c’est ma priorité numéro un.
Je travaille aussi sur une collaboration avec Ray de 2 Unlimited. Be The One est déjà sorti, et on prévoit de sortir un autre morceau en février ou mars. On va également tourner un clip. Quand je serai au Canada, on va bosser dessus.
En parallèle, je suis producteur et chanteur, et j’ai énormément de musique en stock.
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes qui cherchent la célébrité ?
Ne cherche pas la célébrité à tout prix. Concentre-toi sur ta passion et ton amour pour ce que tu fais. La curiosité t’aidera à innover et à te différencier.
Milli Vanilli : un groupe marquant
Milli Vanilli était composé de Fab Morvan et Rob Pilatus, connus pour plusieurs tubes numéro 1 aux États-Unis. Leur histoire a fait l’objet d’un documentaire sur Paramount.
Contact booking Fab Morvan : contact@fabmilly.com
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