Le fondateur de Aquatique Show nous raconte son incroyable parcours dans le monde du spectacle où tout a commencé par un hasard total.
Quel a été le déclic dans le lancement de spectacles à effets d’eau ?
C’était complètement par hasard. Mon père était instituteur et faisait partie d’une chorale d’enseignants. Chaque semaine, ils se réunissaient pour répéter leurs chants, et une fois par an, ils louaient le centre culturel au Neudorf à Strasbourg pour se produire devant amis et famille. Cette année-là, ils ont décidé de chanter « Singing in the rain ». Mon père a eu une idée brillante : il a fabriqué un système de jets d’eau avec des tuyaux et des bouts de ficelle pour illustrer la chanson. Ce système était censé être utilisé une seule fois, mais par pur hasard, une dame nommée Madame Tholomé, qui dirigeait la plus grande agence parisienne destinée au cirque, était présente dans la salle ce soir-là. Impressionnée par notre prestation aquatique, elle nous a proposé un contrat pour une tournée d’un an. Mon père était instituteur, donc partir pendant un an n’était pas envisageable pour lui, et moi, j’étais à la fac, donc partir pour faire le « Kéké » à travers la France ne semblait pas être une option. Pourtant, nous sommes partis pour une année. Un an plus tard, mon père est retourné à son école, et pour ma part, j’ai abandonné mes études de droit. J’ai senti qu’il y avait un besoin dans ce domaine auquel personne n’avait répondu, et c’est ainsi que tout a commencé. Au début, c’étaient de simples locations, mais ensuite, les choses ont commencé à décoller.
Comment la famille a-t-elle réagi à ce changement de vie ?
Ils étaient tous contre le fait que j’abandonne mes études. Ils ont eu du mal à accepter ma décision de ne pas retourner à la fac de droit. De plus, nos débuts n’ont pas été brillants. À cette époque, nous utilisions encore des courriers et une vieille machine à écrire. Lorsqu’un client faisait une demande, cela prenait du temps : le temps que le courrier arrive, le temps que nous y répondions, le temps que la réponse soit renvoyée. Nous n’avions pas du tout la réactivité que nous avons aujourd’hui avec Internet.
Depuis Aquatique Show, quel événement a été le plus marquant ?
Nous avons vécu des événements extraordinaires. En 1989, nous avons célébré le centenaire de la Tour Eiffel, un événement d’une grande importance à l’époque. Nous avons également participé au défilé de Jean-Paul Goude, réalisé des représentations en Chine et aux États-Unis. Nous avons eu la chance de collaborer avec des personnes qui sont aujourd’hui des amis, comme la famille Mack d’Europa-Park et la famille De Villiers du Puy du Fou.
« Si vous en avez envie, si vous avez l’énergie,
lancez-vous »
Quel entrepreneur populaire vous inspire le plus ?
Aujourd’hui, nous connaissons des réussites mondiales dont on parle beaucoup. Pour moi, la personne qui m’inspire le plus est celle qui a réussi à surpasser tout le monde en lançant la première voiture entièrement électrique avec une autonomie de 500 km, ce qui est assez étonnant. Et maintenant, cette même personne se lance dans l’industrie spatiale, défiant même les efforts de la NASA aux États-Unis. Il s’agit d’une entreprise privée déterminée à créer la meilleure fusée capable de revenir sur Terre et d’être réutilisée à plusieurs reprises. C’est un véritable coup de génie.
En tournée, quel artiste vous a le plus marqué ?
Nous avons réalisé une grande tournée avec un artiste chinois, peu connu en Europe mais une véritable star dans son pays. Chaque fois qu’il se produit, il attire au moins
20 000 personnes par soirée. En France, nous avons également travaillé avec quelqu’un de très apprécié et célèbre, Johnny Hallyday. À la fin des années 80, lors d’un concert au Palais des Sports à Paris, il interprétait « L’envie » et à un moment donné, il a posé son micro et est passé sous notre arche d’eau, complètement trempé. C’était une idée de Michel Berger, et c’était magnifique. Nous avons également participé à tous les spectacles de Mylène Farmer.
Avez-vous eu des demandes non réalisables ?
Oui, plusieurs fois par des personnes qui rêvent. Un jour, un italien en charge de l’organisation de la Coupe du Monde de Polo en Inde a demandé un jet d’eau de 50 mètres de hauteur avec un espace de réception d’eau de 2 mètres sur 2. Nous lui avons expliqué que c’était absolument impossible, mais bien sûr, il n’était pas satisfait et nous a traités d’incapables. Nous lui avons expliqué qu’il y a toujours un minimum de vent ou de déplacement d’air dans un stade et que le jet d’eau de 50 mètres ne retomberait pas sur lui-même, mais irait là où le vent le porterait. De plus, nous lui avons expliqué qu’il aurait besoin d’un bassin d’au moins 20 mètres sur 20. Malheureusement, son projet n’a pas pu être réalisé. Il a finalement trouvé une société italienne pour répondre à ses exigences, mais le résultat n’a jamais fonctionné.
Un conseil aux jeunes qui veulent devenir entrepreneurs ?
Allez-y ! Si vous en avez envie, si vous avez l’énergie, lancez-vous, sinon vous risquez d’avoir des regrets. De nos jours, il existe des fonds disponibles, de nombreux organismes en France distribuent de l’argent pour aider les futurs entrepreneurs. Donc, je n’ai qu’une chose à dire : foncez ! Ça vaut toujours le coup.