Le règne du cervelas
Ah, l’été… Ce moment béni où le soleil tape fort, les terrasses s’emplissent, et les restaurants se prennent pour des artistes en livrant la salade la plus « Instagrammable » de la saison. C’est un défilé de feuilles frisottées, roquette qui croustille, mini-tomates qui jouent les funambules et graines exotiques dispersées façon confettis. Le genre d’assiette qui pourrait presque faire oublier qu’on est venu pour manger, pas pour visiter un jardin zen sous tranquillisants.
Mais en Alsace, on a une autre philosophie. Chez nous, la salade, c’est pas juste un accessoire, c’est une déclaration. Une salade qui a du coffre, du caractère, et qui surtout met notre cervelas au cœur de la scène, parce que oui, ici, la saucisse, elle ne rigole pas. Oubliez les tofu mariné et autres pois chiches venus d’on ne sait où.
La vraie salade d’été alsacienne, c’est le cervelas qui tient le rôle principal. Tranché fin, tendre, fumé comme il faut, il s’invite dans l’assiette avec des oignons crus qui piquent un peu, histoire de réveiller les papilles encore en mode sieste. Et le tout, bien sûr, nappé d’une vinaigrette maison avec un fameux vinaigre au miel, pas une mousse légère au yuzu sortie tout droit d’un cours de cuisine moléculaire. Non, une vraie vinaigrette, qui claque, avec de la moutarde qui pique juste ce qu’il faut, et une huile qui fait briller le tout.
La tradition en salade
Chez nous, la salade, c’est pas une punition ou un régime déguisé. C’est une fête. Une manière de dire à la vie : « Je t’aime bien, et je ne compte pas suivre les modes à la noix. » Parce qu’en Alsace, on est fiers de nos racines, même dans l’assiette.
Et puis cette salade, elle rassemble. Pas besoin d’être un grand chef pour comprendre la magie : un grand saladier posé sur la table, et tout le monde vient, attiré par l’odeur des oignons et l’appel du cervelas. Ça discute fort en alsacien, ça trinque un coup, ça rigole. Ici, on mange avec le cœur.
Pour ceux qui ont encore un creux (ou qui sont juste durs à nourrir), on ajoute quelques pommes de terre tièdes. Là, on passe à un autre niveau : le repas d’été à rallonge, celui qui colle un sourire sur le visage, une serviette autour du cou, et quelques souvenirs plein la tête.
Alors oui, en Alsace, on mange de la salade. Mais pas n’importe laquelle. Une salade qui assume son côté rustique, qui ne joue pas à faire la belle. Et si l’idée de préparer ça te donne plus envie de sortir que de cuisiner, pas de panique. Les meilleures winstubs du coin continuent de servir cette tradition, fidèle au bon vieux temps. Vous en trouverez de très belles dans le Passeport Gourmand. Ce qui veux dire, si tu réfléchis encore : tu sais ce qu’il te reste à faire.